dimanche 6 mars 2022

L'art de paraître au XVIII° siècle : tissus et dentelles

Un deuxième article, consacré cette fois-ci plus spécifiquement aux tissus et dentelles présentés lors de l'exposition "L'art de paraître" au musée des Beaux-Arts de Nantes.

Au XVIII° siècle la qualité d'un tissu est signe de prestige, le coût de revient d'un vêtement (et donc le poids de l'habillement dans un budget) est strictement incomparable à ce qu'il est pour nous aujourd'hui. Le vêtement est un bien précieux, qui se mentionne dans les inventaires après décès, qui se transmet d'une génération à l'autre, et qui fut durant longtemps un butin enviable (pour rappel sémantique, le mot "robe" se retrouve dans "dérober", qui signifie voler, dans le prénom Robin, dans les termes anglais "robber" et "robbery").

  • Les tissus de soie : la soie est le symbole du luxe absolu. Elle se présente sous forme de velours, de satins, de taffetas aux reflets changeants ou encore de tissu brochés :

Panneaux de soies brochées du musées des soieries de Lyon, vers 1760-1770

Robe à la française en soie brochée polychrome, vers 1755

Robe à la française en soie brochée polychrome, tissu vers 1740, robe vers 1750

Robe volante en lampas de soie polychrome, tissu vers 1720, robe vers 1730.

Bas de jupe en soie brochée polychrome, vers 1740.

Tissu de taffetas changeant aux reflets verts et rouges, tableau d'Antoine Vestier, 1788.

Gilet et robe de chambre d'homme en soies polychromes, tableau de Van Loo, vers 1745.
  • La mousseline : importée à grands frais des Indes, cette matière légère s'impose dans la deuxième moitié du XVIII siècle. On l'utilise pour le linge de corps, puis les vêtements légers et fluides des enfants qui s'étendront aux robes légères en vogue à la fin du siècle. 

 

Robe de mousseline des Indes aux broderies d'inspiration antique, vers 1790.

Robe de mousseline des Indes blanche brodée de soie blanche, vers 1785.

  • Les indiennes : peu représentées dans l'exposition, ces toiles brodées ou peintes connaissent un immense succès dès le XVII° siècle. De plus, les indiennes peintes, moins coûteuses que les tissus brodés ou brochés, vont davantage se populariser et se retrouvent dans de nombreux costumes régionaux.

Portrait de Mme de Pompadour portant une robe d'indienne, Drouais, 1763.

  • Les planches d'échantillons : avec le développement de la mode apparaissent les premiers magazines de mode, les gravures, mais aussi les planches d'échantillons de tissus, broderies ou rubans, pour montrer les savoir-faire des artisans de la mode.

 

Livre d'échantillons de rubans et galons, XVIII° siècle.

Échantillons brodés pour gilets d'homme, vers 1785.

Projet de broderie pour robe de cour, gouache sur papier.

Échantillon brodé pour robe de cour avec broderies, plumes, appliqués.
  • Les broderies : symbole du luxe, elles montrent à la fois le savoir-faire des artisans et le luxe des étoffes. Broderies de soie, de fils métalliques, elles réhaussent les vêtements et montrent le prestige de leurs possesseurs.

Broderie au fil d'or sur robe de satin gris (peinture de Aved, 1741).

Taffetas de soie prune brodé pour gilet d'homme, prêt à découper pour être monté.

Robe de cour de soie bleue brodée (peinture de Périn-Salbreux, 1776)

Pièce d'estomac brodée, vers 1750-1780.

  • Les dentelles et la mercerie : autre signe de richesse, la qualité et la quantité des dentelles présentes sur les vêtements d'homme ou de femmes.

Dentelles, ruban et fourrure bordent cette robe de satin rose (tableau de Roslin, 1783)

 
Engageantes de dentelles et bordures de fourrure noire pour la robe de la reine Marie Leczinska.

Robe de cour brodée, garnie de fleurs, rubans et dentelles.

Fichu de voile plumetis.

Barbes de dentelles pour décorer un bonnet.

Guipure blanche sur robe de soie rouge

Passementerie fleurie

Passementerie de soie bleu clair.


samedi 5 mars 2022

L'art de paraître au XVIII° siècle : les enfants

 Je commence donc par la mode enfantine.

Jusque-là la mode enfantine est une déclinaison en plus petit de la mode des adultes, sans prise en compte des spécificités liées à l'enfance. Au même titre que leurs parents, les enfants de la bonne société doivent "paraître".

Pourtant au XVIII° un phénomène nouveau se produit : les vêtements des enfants sont simplifiés, plus fluides. Les penseurs et philosophes tels que Rousseau sont passés par là et encouragent à considérer l'enfant pour ce qu'il est, un être différent avec des besoins à part.

Le phénomène ira même plus loin car il est probable que les robes à la chemises mises à la mode à la fin du XVIII° par Marie Antoinette soient une adaptation en taille adulte des robes légères des enfants!


Corps baleiné pour enfant, milieu du XVIII° siècle
Lin et soie bleue

Robe d'enfant en mousseline des Indes brodée 


   


Vers 1770-1780

Bonnet d'enfant en boutis blanc

Chemisette d'enfant en coton blanc et dentelles

Détail de la chemisette

Le patronnage est très simple, à base de rectangle.

Gousset d'aisance sous les aisselles.

Une telle pièce serait très simple à reproduire!

Deux brassières de naissance pour bébé en boutis blanc.

François Hubert Drouais, portrait de petite fille en robe blanche, vers 1751.

La robe est fluide, avec le cou dégagé, des engageantes en dentelle.

La robe est décorée d'une ceinture bleue souple.

On voit clairement apparaître la future "robe à la chemise".

Pierre-Paul Prud'hon, portrait de mademoiselle de Vellefrey, 1796

Une robe-chemise blanche très simple, froncée à l'encolure.

La ceinture large en soie bleue est fermée par une boucle d'argent.

La coiffure également est très simple : cheveux longs retenus par un ruban, frange courte.

Jean-François Colson, Le repos, 1759

Ce portrait, beaucoup plus maniéré que les deux précédents, montre une jeune fille endormie.

Elle porte là encore une robe blanche, plus rigide que celle des petites filles.

On aperçoit la jupe de soie bleue sous la robe.


Exposition L'art de paraître au XVIII° siècle à Nantes

 Ce dimanche 06/03 se termine l'exposition "l'art de paraître au XVIII° siècle" au Musée des Beaux-Arts de Nantes.

 

J'ai pris le temps d'y aller hier. Pour la première fois depuis près de quatre ans je suis retournée voir une exposition consacrée à ma passion pour la mode ancienne! Et c'est donc l'occasion de renouer avec ce blog, abandonné depuis deux ans suite à des circonstances personnelles difficiles...

 Je commence par la mode des enfants car c'est là qu'il y a le moins de choses à montrer. Je ferai ensuite un article avec la mode masculine, un pour les tissus et dentelles et au moins un autre avec la mode féminine! 

 Le catalogue de l'expo, très complet, se vend à 35E ce qui est plus que raisonnable, il a donc rejoint ma collection :-).


 


mercredi 6 mai 2020

Femina 1er octobre 1905

Je viens d'acquérir une reliure regroupant les magazines Femina des années 1905, 1906 et 1907! Sachant que j'ai déjà des numéros des années 1903 et 1904 en reliure, cela fait un joli stock.

Le magazine Femina est davantage un magazine de mondanités qu'une revue de mode. On y présente les célébrités de l'époque, les grands évènements mondains en plus de gravure des dernières modes. Cela permet vraiment de se replonger dans une époque lointaine!

Seul souci : ce magazine est un très grand format, et comme ils sont reliés je n'ai pas la possibilité de les photocopier proprement en A4 avant de les numériser. En désespoir de cause, je me suis résolue à les photographier pour en faire un PDF, avec les défauts que cela implique : pages gondolées et lisibilité parfois médiocre... 

Voici le premier magazine de la reliure, celui du 1er octobre 1905. C'est l'époque du retour à Paris après trois mois dans les demeures de campagne ou de bord de mer, le retour de la saison des chasses et la présentation des nouvelles modes pour l'hiver!

J'ai également eu la bonne surprise de découvrir que le roman-feuilleton qui commence dans ce numéro est d'un de mes auteurs favoris, Jean Lorrain (qui a rédigé notamment les Princesses d'ivoire et d'ivresse, un recueil de contes cruels à l'esthétique très Art Nouveau).





Tennis à Dinard

Une poétesse tombée dans l'oubli...

Le début du roman de Jean Lorrain

Modes d'automne

Se préparer aux chasses à courre
 

jeudi 30 janvier 2020

Une très belle année 2020

Très belle année 2020 à tous!

Ici elle a commencé de la plus belle des façons...



Forcément, peu de temps pour coudre, publier, photographier mes magazines, mais ce ne sont pas les projets qui manquent! Projets couture, projets professionnels, projets de vie...



J'espère que 2020 sera à la hauteur de ses promesses :-)!

samedi 7 décembre 2019

Notice Singer 27K 28K

Voilà une chose que je voulais prendre le temps de faire depuis longtemps!


J'ai numérisé la notice de ma Singer 128K à manivelle de 1913. Il s'agit d'une machine à navette vibrante et non pas à canette ronde, mais le reste des instructions est bien utile même pour d'autres types de machines anciennes.




Vous pouvez télécharger la notice ici : Notice Singer 27K 28K ou bien me la demander par mail!


jeudi 5 décembre 2019

Surjeteuse industrielle chinoise ancienne FN2-7

Une trouvaille un peu inhabituelle faite sur un vide-grenier dans le Jura en 2016 : une ancienne surjeteuse industrielle chinoise, en parfait état!


J'avoue que je me suis demandée comment une machine industrielle chinoise avait pu finir dans un petit village du Jura...

J'ai peu d'informations sur la bête, notamment car je ne sais pas lire les caractères chinois! La seule mention en caractères occidentaux est située sur le côté : FN2-7. Il s'agit de la référence d'un modèle de surjeteuse industrielle mais cela ne m'a pas permis de trouver pour le moment plus de détails sur le fabriquant ou la date. Il y a apparemment un logo fabricant ou revendeur sur le devant : SH?



Elle a un design noir et or qui la rapproche des machines à coudre très anciennes, antérieures aux années 50.

Quelqu'un saurait me lire ça?

Elle est en parfait état, c'est une surjeteuse trois fils et elle comporte encore couteaux et aiguille. A la main, elle tourne parfaitement. J'ai une courroie et un bloc moteur à part, le tout nécessiterait la création d'une table de travail adaptée, ce que je n'ai pas l'intention de faire pour le moment.

Le mécanisme interne est en parfait état!