vendredi 18 juillet 2014

Quand les magazines de mode percutent l'Histoire... (2)

Étape 3 : Le temps de l'Occupation :

Nous voici au printemps 1941 ; l'armée française a été défaite un an plus tôt, la France est occupée et divisée entre zone occupée et zone libre...

"En zone non occupée, Modes & Travaux ne se vend que par abonnements"

Le magazine oscille entre soutien au gouvernement de Pétain et fronde (discrète) contre l'occupant. En mai, un article à la gloire du maréchal et de la Doctrine Nationale d’Éducation Physique : "dans ses émouvants appels à la jeunesse de France, le Maréchal Pétain l'adjure d'abandonner des habitudes désuètes et périmées pour travailler de toutes ses forces au redressement physique et moral de la nation". 

Et dans le numéro de juin (ci-contre), un article sur les petits chapeaux, où l'auteur souligne le côté à la fois "crâne" de ces petits chapeaux qui refleurissent au printemps malgré tout, et le côté respectueux de la loi (ils sont petits, justement, car c'est ce qu'exigent la sagesse et le gouvernement).



Un gros faible pour cette publicité du numéro de juin 1941 : deux nouveaux parfums : "Malgré tout" et "Je chante", à l'effigie du coq gaulois... Il est précisé pour l'un de ces parfums qu'il est d'une "ténacité rare", comprenez ce que vous voulez!














La couverture d'août 1941. Les temps changent, plus de départs en vacances, alors pour occuper son été c'est le règne de la débrouille!













Les recettes de cuisine s'adaptent à la pénurie... Et les publicitaires ne perdent pas le nord, encore une fois! Le cynisme des publicités pour la crème de beauté Malacéïne a de quoi souffler, et ce n'est qu'un début!









Septembre 1941 : là encore, Malacéïne fait preuve de culot... Et un encart publicitaire fait la promotion du Maréchal, avec un graphisme très proche de celui mis en avant par l'idéologie nazie.












Octobre 1941 : Malacéïne frappe encore une fois, de plus en plus cynique!

La marque Petit Bateau attend l'heure de sa renaissance...
















Janvier 1942. Le magazine, qui était à 5francs en 1939, est maintenant à 7 francs 50. Les restrictions sur le papier sont mises en place. Depuis le début de la guerre, le magazine oscille entre une parution tous les 15 jours (son rythme normal) et une parution par mois.



Les étrennes sont adaptées à la situation : le magazine propose le modèle d'un carnet pour tickets d'alimentation, pouvant contenir également trois morceaux de sucre.
 Les publicités s'adaptent encore : économies de gaz grâce au produit dégraissant qui permet de faire sa vaisselle à l'eau froide, le rouge à lèvres Harrold "a repris sa fabrication d'avant-guerre". Le carnet de cuisine fait preuve de pragmatisme : "nous mangerons ce que nous pourrons, Madame, ce que nous trouverons, comme toujours maintenant". Heureux ceux qui ont de la famille à la campagne, ils peuvent espérer un lapin!







Février 1942. Depuis le début de la guerre, la mode s'adapte : on redécoupe ses anciens manteaux de fourrure, on retaille ses robes, on utilise des chutes de tissus pour faire des empiècements, ou, comme ici, on transforme un costume d'homme en tailleur pour femme.











 Mai 1942 : la pénurie de papier atteint son paroxysme, le magazine est réduit drastiquement (20 pages, contre 48 avant guerre). Toutes les rubriques superflues disparaissent, ainsi que les publicités, le magazine se concentre sur les modèles de modes et les patrons au tricot.  





Mon dernier numéro pour cette série date de décembre 1943 et reste dans cette ligne de conduite, mais son prix atteint désormais les 10 francs contre 5 avant guerre...


J'espère à l'occasion parvenir à trouver des numéros des années 1944 et 1945 de ce magazine pour voir l'évolution finale du magazine Modes & Travaux durant la période de libération et de victoire... N'hésitez pas à fouiller vos tiroirs!

Quand les magazines de mode percutent l'Histoire... (1)

J'ai trouvé hier une pile de Modes & Travaux, datés de 1939 à 1943... Et c'est fou de découvrir qu'on peut lire le déroulement de la Grande Histoire entre les lignes d'un magazine aussi "futile" qu'un magazine de mode! Je vais les scanner intégralement un par un (et en couleurs, car ils sont en format A4, joie), mais en attendant je ne résiste pas au plaisir vous faire part de mes découvertes...

Étape 1 : l'insouciance : les tensions en Europe se multiplient, mais la guerre n'est pas déclarée :


 
Couverture du numéro de juin 1939 : un numéro estival, centré sur les vacances, comme le prouvent les publicités : maillots de bain, marques de luxe, mais aussi séjours à la mode :








Pourtant, j'ai trouvé dans ce numéro insouciant une coupure de journal découpé :  au recto, une carte de la frontière est de la Belgique, avec des marques qui ressemblent à du feutre sur certaines zones :

Au verso, on devine plusieurs extraits d'articles très martiaux, et on peut lire intégralement un bref billet du 10 mai mentionnant que les Pays Bas et la Belgique demandent l'assistance de la France et de l'Angleterre en vertu des traités signés entre ces pays antérieurement. Le jeu des alliances qui va faire basculer toute l'Europe et le monde dans la guerre est bien là.

Notez qu'en bas à gauche, le nom de Churchill est évoqué ; à ce moment là, il n'est pas encore revenu au gouvernement, car il est farouchement opposé au premier ministre britannique Chamberlain qui veut éviter la guerre à tout prix.

Étape 2 : mobilisation et patriotisme : septembre 1939 - avril 1940 :

Le numéro de septembre 1939 (sorti en août) ne laisse rien transparaître de plus, mais dès le numéro d'octobre, le ton est donné : l'heure est à la ferveur patriotique, et au soutien de l'Armée française : 


 La couverture et la page éditoriale du numéro d'octobre 1939 (paru donc en septembre : la guerre a été déclarée le 3 septembre).













 La couverture du numéro de décembre 1939 : tout le magazine est tourné vers le soutien aux soldats. Je n'ai pas la place de tout mettre, mais parmi les modèles de tricots "mode", il y a également un bonnet pour petit garçon en forme de calotte militaire.

 Des protections hivernales pour les troupes stationnées...
 Un rappel pour les familles de soldats : ce dont ils ont besoin, comment protéger les colis, etc...
 Recettes de cuisine adaptées à un colis militaire.
Couverture intérieure du numéro d'avril 1940. La guerre n'est pas encore perdue, et les modèles de printemps sont ornés de la cocarde tricolore, pour soutenir les soldats français!


Par ailleurs, le courrier des lecteurs mentionne là encore les soldats (publicité pour Ricqlès) ainsi que la possibilité pour les femmes de devenir infirmière. Une autre publicité pour des produits de beauté, que je n'ai pas mise ici, affirme "ayez le courage d'être belle". Les publicitaires ne perdent pas le nord!











L'armée française est vaincue peu de temps après : Paris tombe aux mains des Allemands le 14 juin 1940, le maréchal Pétain remplace le président Reynaud au pouvoir le 16 juin, l'armistice est signé le 22 juin et entre en vigueur le 25. Une nouvelle phase commence. Hélas, je n'ai pas les magazines de ces mois-là : nous reprendrons donc un an plus tard, en juin 1941...

mercredi 9 juillet 2014

Singer 12K de 1883


 Une autre machine à coudre dégottée dans une brocante, et de loin la plus vieille de ma collection : une Singer 12K New Family datée de 1883. Elle a visiblement été partiellement refaite : le pied en fonte a été repeint et le plateau est neuf, pas celui d'origine. On lui a d'ailleurs adjoint le couvercle d'une autre machine.


Le système interne de cette vénérable mamie est différent de celui de mes autres machines : ce sont des pignons dentés qui transmettent le mouvement horizontal et vertical. Malheureusement, quelque chose a visiblement été coincé entre ces pignons, car les deux dents qui se font face sont cassées net. Cela n'empêche absolument pas la machine de tourner, mais je pense qu'elle ne pourrait pas coudre correctement, ce que je n'ai pas pu vérifier car la navette (bateau) et la fusette font hélas défaut!

Bref, une belle bête, mais qui ne sera pas destinée à coudre!

mardi 8 juillet 2014

La Mode Illustrée 08 juillet 1888

Mon numéro d'anniversaire! Pile poil la bonne date ^_^! Et en prime, avec ce numéro, j'ai la planche de patrons! Donc, un nouveau numéro de La Mode Illustrée avec encore (et toujours, c'est mon dada) des tournures à volonté! dans ce numéro, des initiales à broder (F à K), les patrons de deux robes, d'un imperméable et d'une matinée!

vendredi 4 juillet 2014

Le Petit Echo de la Mode 26 septembre 1888

Deuxième et dernier numéro prêté par mon amie pour partage sur ce blog (merci Sandrine!) : Le Petit Écho de la Mode du 26 septembre 1888 (des tournures, des tournures, lol!!!!). Là encore, pas de patrons mais des gravures de mode et des potins!



Singer 132K10

Encore une machine ancienne, mais celle-ci n'a rien de joli ou d'élégant, c'est une machine destinée à coudre le cuir! Elle a été dégottée dans une décharge il y a plus de quinze ans et traînait depuis dans l'atelier de mon père. Cet été, je m'attaque à sa remise en état, si la chose est possible! 


L'état extérieur général est mauvais : peinture abîmée, rouille sur les éléments extérieurs. La machine est quasi complète, il manque une plaque coulissante à gauche de la plaque couvre-griffe, mais a priori c'est tout. La canette (remplie de fil de lin), le porte canette, le pied presseur et l'aiguille sont présents.


La mécanique intérieure tourne parfaitement, même avant nettoyage, c'est dire la solidité de la bête!


La plaque avant indique le modèle : 132K10, la plaque arrière un numéro de série : EB 823426.






Je vous dirais si au final, elle fonctionne ou pas ^_^!

mardi 1 juillet 2014

Le Petit Echo de la Mode 11 octobre 1885

Voici un numéro du Petit Écho de la Mode prêté par une amie pour partage : il ne comporte pas de patrons, mais des gravures de mode ainsi que des modèles de guipure et broderie sur tulle! Un deuxième numéro prêté par cette amie suivra dans la semaine!